Prise en charge de l’autisme : la HAS a tranché

Fruit d’un travail de deux ans, le rapport de la Haute Autorité de Santé (HAS) sur la prise en charge de l’autisme infantile était très attendu. Rendu public le 8 mars 2012, il évalue les différentes approches thérapeutiques de la maladie, et se prononce sur la place à donner à chacune.

- Entretien avec le Dr Cédric Grouchka, membre du collège de la Haute autorité de santé, invité dans le Magazine de la santé du 8 mars 2012 -



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Quelles méthodes privilégier pour aider les enfants autistes ? Quoi de mieux pour favoriser leur épanouissement personnel, leur participation à la vie sociale et leur autonomie ? Jusque-là, aucun consensus n’avait été établi autour de la prise en charge de l’autisme, sujet complexe et sensible, où manquent souvent des données scientifiques. Deux grandes « écoles », l’approche psychothérapeutique et l’approche éducative et comportementaliste, avaient tendance à s’opposer. Chacune ayant ses partisans et ses détracteurs.

Pour clarifier la situation, la Haute Autorité de Santé (HAS) et l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) viennent de publier des recommandations de bonne pratique sur les interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l’enfant et l’adolescent avec autisme et autres troubles envahissants du développement (TED).

L’approche comportementale recommandée, la psychothérapie désavouée

Pour les experts, c’est clair : l’approche éducative et comportementale, comme par exemple les interventions fondées sur l’analyse appliquée du comportement dites « ABA« , ou les interventions développementales des programmes « TEACCH« , ont fait preuves de leur efficacité. Elles sont donc officiellement recommandées, particulièrement avant 4 ans et dans les 3 mois suivant le diagnostic.

En revanche, les conclusions de l’HAS sonnent comme un désaveu pour les méthodes psychothérapeutiques. L’ »absence de données sur l’efficacité » de ces approches et la  » divergence des avis exprimés » à leur propos, n’ont pas permis aux expert de conclure à leur pertinence. Elles se voient qualifiées dans le rapport de « non consensuelles » et ne sont donc pas recommandées.

Des tensions toujours vives

Mais la parution de ce rapport ne renforcerait-il pas les clivages entre les adeptes des différentes méthodes ? Celui-ci irrite le Pr. Bernard Golse, pédopsychiatre et chef de service à l’hôpital Necker. « L’approche psychothérapeutique n’est peut-être ‘pas recommandée’, mais non-recommandation n’est pas synonyme d’interdiction ! De toute façon, rien n’est validé dans l’autisme. Cela n’empêche pas les soignants d’agir. Les parents d’enfants autistes nous en voudraient de rester les bras croisés. »

Le médecin critique vivement les méthodes de l’HAS : « Je trouve regrettable qu’elle fasse deux poids, deux mesures, en fonction des domaines. Et je tiens à dire que les méthodes psychothérapeutiques sont en phase de validation par l’Inserm. Je demande aux partisans de la méthode ABA de faire de même ».

Le Collectif Autisme, lui, se montre plutôt satisfait des conclusions de ce rapport, mais « regrette que les approches psychanalytiques soient seulement qualifiées de ‘non consensuelles’, alors qu’aucune étude scientifique ne les valide. »

Les autres méthodes de soin, hors course

L’HAS juge les autres approches inadaptées et recommande de ne plus les utiliser. C’est le cas, par exemple, des techniques dites de « communication facilitée », où un adulte guide le bras de l’enfant pour lui faire écrire ce qu’il ne peut pas dire. Quant aux enveloppements corporels humides (dits « parking »), en l’absence de données relatives à leur efficacité ou sécurité, l’HAS et l’Anesm s’y opposent formellement, en dehors de protocoles de recherche autorisés. Le traitement médicamenteux est également jugé inutile.

En réaction, le Collectif Autisme a déclaré qu’il veillerait « à ce que seules les interventions recommandées de fassent l’objet de financement public, et qu’elles se développent rapidement ».

Un maître mot : la personnalisation de l’accompagnement

Ajuster les interventions proposées aux personnes autistes tout au long de leur vie, en prenant en compte leurs évolutions et aspirations, ainsi que celles de leurs familles, qui leur sont spécifiques : voilà tout l’enjeu de la prise en charge de l’autisme. Pour ce faire, l’HAS recommande la mise en place d’un projet personnalisé d’intervention individuel cohérent, adapté et réévalué régulièrement pour chaque enfant ou adolescent.

Et rappelle au parents la nécessité d’être particulièrement prudents vis-à-vis d’interventions présentées comme permettant de supprimer complètement les manifestations des TED, voire de guérir totalement leur enfant car aucun élément probant ne permet d’envisager une telle efficacité.

Rédigé par Héloïse Rambert (le 8 mars 2012)

Source : http://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-prise-en-charge-de-l-autisme-la-has-a-tranche-6371.asp?1=1

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