Autisme – Bonnes pratiques pour une intégration scolaire réussie

Posted by autisme.info31 On mars - 25 - 2010 Commentaires fermés

Quelque soit le niveau du handicap un enfant autiste baigné dans un milieu ordinaire, comme dans sa famille où il vit, fera plus de progrès.
Après avoir eu un diagnostic précoce (entre 1 an et 2 ans), une psychologue va faire un bilan avec une grille d’évaluation (PEP-R, WISC….) au domicile de l’enfant. En effet il n’y a qu’au domicile que l’enfant pourra donner le meilleur de lui-même car il connaît bien les lieux et se sent en sécurité. Le bilan fait, la psychologue va écrire un PEI, Projet d’Education Individuel d’où elle va mettre en place un PI, Programme Individuel. L’objectif de ce PI est l’autonomie de l’enfant. Le PEI a des objectifs à long terme et le PI des objectifs à court terme. Ce PI sera refait autant de fois que l’enfant progressera, c’est –à-dire qu’on peut le faire tous les mois, comme tous les deux mois ou pour une semaine. Il s’adapte aux progrès de l’enfant.

Ceci étant dit, à partir de ces PEI et PI, l’enfant rentre en Petite Section de maternelle dans sa troisième année, comme n’importe quel enfant. Là vont se mettre en place, selon le degré d’autonomie de l’enfant, des stratégies pour le faire participer aux différentes activités de la classe.
On va commencer par faire dans un coin de la classe un panneau qui lui est réservé pour lui indiquer au moyen de photos les différents moments de la matinée (en supposant qu’il va à l’école tous les matins : rythme idéal). Sur ce panneau il y a déjà sa photo pour le personnaliser et le jour de la semaine écrit en lettres bâton. Puis vont se suivre toutes les activités prévues par l’enseignant y compris le temps de récréation dans la cour avec la photo d’abord (avant la cour) du vestiaire où il va devoir mettre son manteau et ses chaussures. Avant chaque activité l’enfant est amené devant le panneau et on retourne la photo de l’activité que l’on vient de faire pour indiquer que cette activité est finie. On montre à l’enfant la photo qui suit en lui disant ce qu’on va faire. Puis on l’amène à cette nouvelle activité. Ainsi de suite jusqu’à la fin où on montrera la photo de la personne qui vient le chercher pour lui indiquer ce qu’il va faire ensuite.

Les enfants avec autisme sont très perturbés de ne pas savoir ce qui va se passer dans le futur proche. Ils ont besoin d’être informés sur ce qu’ils vont faire ou voir juste après une activité. S’ils ne comprennent pas ce qu’on attend d’eux ils peuvent avoir des stéréotypies qui apparaissent dues à l’angoisse de ne pas savoir ou de ne pas comprendre.
A la fin de la Petite Section, comme nous parlons toujours d’un enfant handicapé, nous n’allons pas nous attendre à ce qu’il soit au même niveau que les autres, ne serait-ce que parce qu’il est non-verbal alors que les autres le sont. Il aura fait des activités avec les autres et c’est le principal. L’année suivante il passe donc en Moyenne Section où là nous allons lui demander un peu plus. Tout d’abord, selon son PEI, nous allons élaborer un PI, et selon celui-ci nous fonctionnerons toujours avec un panneau visuel avec photos ou pas. Là encore la fin de l’année ne sera pas un questionnement par rapport à son niveau d’acquis par rapport à la norme mais aux progrès qu’il aura fait par rapport à son PEI de départ.

Toutes les années vont se finir avec ce questionnement : a-t-il progressé par rapport à son PEI ? Il peut faire des progrès dans des domaines où on ne s’y attendait pas ou plus vite qu’on s’y attendait. Peu importe, il progresse, avec des domaines plus ou moins difficiles, les pics de compétence vont être de plus en plus évidents.
Recommandations

- Pour aider l’enfant dans ses activités que ce soit en maternelle, en primaire ou en collège, il faut une personne qui puisse travailler avec l’enfant (1 pour 1). Les enseignants ont leur classe à gérer et ne peuvent être attentifs à cet enfant extra-ordinaire, surtout en maternelle. Selon les cas, cette personne peut être l’ATSEM (personne qui aide l’institutrice en maternelle), une auxiliaire de vie scolaire (ce qui est le mieux car elle sera formée à l’autisme), ou quelques enfants de la classe (surtout en primaire). Les enfants qui choisissent de prêter attention à l’enfant avec autisme devront être assis à côté de lui et l’aider pour différentes tâches (comme prendre le bon cahier, regarder si l’enfant écrit tout correctement, l’encourager à participer en classe….). Ces enfants sont souvent des enfants qui ont eux-mêmes un manque de confiance en soi, qui ne sont pas les meilleurs de la classe, et, en aidant l’enfant handicapé, ils vont s’affirmer, prendre confiance et leurs notes vont remonter, parfois ce sont des enfants précoces. Les auxiliaires de vie scolaire font partie de l’équipe éducative au même titre que les parents, l’enseignant, l’orthophoniste, la psychologue et la psychomotricienne. Elles suivent des formations spécifiques à l’autisme et sont supervisées par la psychologue qui suit les enfants. Cette psychologue intervient au domicile des parents, à l’école et auprès des auxiliaires de vie scolaire.

- Il faut absolument éviter que l’enfant avec autisme refasse une classe deux fois. En effet, cet enfant produit des efforts aussi bien dans le domaine social que dans le domaine des acquis scolaires et ne comprend pas lorsqu’il refait la même classe. Il se démoralise et ne fait plus rien la deuxième année. De plus il est plus facile pour lui de suivre son groupe classe qu’il connaît déjà que de recommencer à apprendre à connaître un autre groupe d’enfants. Il ne faut pas oublier que le handicap de ces enfants est une cécité sociale et que c’est sur ce point qu’ils ont le plus de difficultés. On ne doit pas mettre des obstacles aux efforts qu’ils produisent.
- En primaire les apprentissages doivent être adaptés à leur handicap. Par exemple la méthode pour apprendre à faire une division, en plusieurs étapes, afin que les enfants ordinaires comprennent la démarche intellectuelle, va être simplifiée au maximum pour l’enfant avec autisme. On ne va pas lui demander de comprendre la démarche intellectuelle, mais on va lui demander d’appliquer une règle, qu’on ne changera pas, et c’est à force de faire qu’il comprendra la démarche intellectuelle. Les enfants avec autisme comprennent lorsqu’ils sont dedans, lorsqu’ils voient et lorsque leur corps fait.

Un enfant avec autisme ne sera jamais prêt à passer dans la classe supérieure tant qu’il n’y sera pas. Il a toujours un temps de décalage avec les autres. Il sera prêt à être dans la classe supérieure au cours du premier trimestre dans cette même classe. C’est pourquoi le raisonnement ordinaire pour le passage de classe ne s’applique pas pour lui.

Selon le degré du handicap, l’enfant continuera à être accepté à l’école ou pas. Mais on ne peut décider de son passage dans un IME (spécialisé pour autisme avec scolarisation plus légère) ou de son maintien à l’école qu’après le CP, classe où on apprend à lire et à écrire. Tant qu’on ne lui a pas donné l’opportunité de lire, d’écrire et de compter, on ne peut savoir s’il en est capable. En général ils sont capables de ces acquisitions, car nous avons nombre de cas d’autistes dits sévères qui ont appris tout seuls car personne ne pensait qu’ils pourraient acquérir ces connaissances, qui sont pourtant la base de la socialisation. En effet une personne actuellement qui ne sait ni lire, ni écrire, ni compter est handicapée, et a du mal à s’insérer dans notre société. Nous n’avons pas besoin de sur-handicaper nos enfants. Ils sont capables de plus que ce que nous pensons et les bilans sont une indication mais non une fin en soi.

La barre doit toujours être pensée haut même si les PI sont peu élevés. Les étapes ne doivent pas être sautées mais l’objectif est infini. Il faut toujours penser plus loin tout en faisant de petites avancées. C’est la somme de tout cela qui donnera l’adulte.

J’ai omis de parler du neuropsychologue qui fait le diagnostic et qui voit l’enfant tous les six mois pour donner les grandes lignes, car le propos ici est le suivi journalier par tous les intervenants de terrain. Bien sûr le neuropsychologue est important pour les grandes lignes et pour définir vers quoi on tend. Son avis sera diffusé parmi tous les intervenants, y compris les parents, qui jouent un rôle primordial, car la bonne marche des différents spécialistes se fera par leur intermédiaire. Ce sont les premiers spécialistes de leur enfant et leur avis sera toujours écouté et pris en compte.

Edith Valent
Chargée de l’intégration scolaire Asperger Aide
Créatrice d’un service d’AVS pour autistes
Projet européen EQUAL (Conciliation Famille Handicap, Egalité des chances pour les familles avec enfants handicapés)

SOURCE : Aspergeraide

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